Avez-vous déjà vu un figuier en fleur
? Non? C'est normal, puisque les fleurs du figuier sont invisibles,
elles tapissent l'intérieur du fruit. Ouvrez-en un, vous
identifierez les filaments végétaux. Une étrangeté botanique
plutôt complexe à expliquer. Disons pour simplifier que la figue
n'est pas un fruit, c'est plutôt le réceptacle de fleurs
minuscules. Après fécondation, elles produisent l'équivalent d'un
pépin, qui en grossissant devient le fruit. Tout se passe à
l'intérieur.
Pour se reproduire, la figue a besoin
de la présence d'une sorte de petite guêpe, le blastophage, qui
entre par un trou minuscule. Échange de bons procédés : Le
blastophage, lui, a aussi besoin de la figue pour se reproduire. La
femelle blastophage, préalablement fécondée, entre dans la figue et y pond ses oeufs. Après éclosion les nouveaux
blastophages ressortent de la figue chargés du pollen des fleurs
internes, puis, en pénétrant dans d'autres figues, le déposent sur
le pistil, assurant ainsi la fécondation.
La figue, blanche ou violette, est un
fruit onctueux, succulent, riche en vitamines et minéraux, c'est un
trésor de santé. Allons plus loin : La figue ne serait-elle pas le
fruit défendu de la Bible ? Dans l'imagerie populaire, c'est la
pomme, cueillie par Adam et Eve sur l'arbre de la connaissance du
bien et du mal. Pourtant, nulle mention de pommier dans la végétation
traditionnelle du Moyen-Orient. Est-ce une confusion de sens entre le
terme latin "malum", désignant l'arbre de la connaissance,
et le "malus", une variété de pommier ? La figue semble
plus légitime, d'autant qu'Adam et Eve ont couvert leur nudité,
après leur forfait, de feuilles de figuier. Pratique et sur place !
La figue est à l'origine de nombreuses
expressions, la plus connue est mi-figue, mi-raisin. En voici une
explication : jadis, les marchands de Corinthe mélangeaient leurs
précieux raisins avec des morceaux de figues séchées. Leurs
acheteurs Vénitiens, pris entre gourmandise et mécontentement,
arboraient alors une mine ambigüe, mi-figue, mi-raisin.
Impossible de passer sous silence la
connotation sexuelle du mot figue, utilisé aussi bien pour désigner
le sexe féminin que les testicules. Il faut dire qu'il s'en passe de
belles à l'intérieur d'une figue : c'est là que les nouveaux-nés
blastophages se fécondent entre eux !
Article publié dans le JTT.
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