Chaque été une importante exposition d'Art brut est proposée
au Château d'Hauterives. Mais qu'est-ce que l'Art brut ? Tout simplement la
création d'œuvres par des passionnés, qui n'ont aucune formation artistique, ne
se réclament d'aucun mouvement, d'aucune école. Ils créent pour leur plaisir,
avec leur propre technique, beaucoup d'imagination et peu de moyens. L'exemple
tutélaire : le Facteur Cheval, dont le Palais Idéal, juste à côté du château, attire les
foules.
L'Art brut plait au grand public, il est d'un accès facile, même
les enfants saisissent au premier regard le travail de l’auteur, son
cheminement. On admire la performance, sans besoin d’explication, contrairement à
l'art contemporain, qui justifie ses installations onéreuses par des théories
nébuleuses. Ainsi, le tas de confettis noirs, intitulé "passage à l'âge
adulte" fait tache au milieu des calligraphies minutieuses, des montages
éclectiques, des céramiques déjantées, qui ont nécessité des heures de patience et d'inventivité à leurs auteurs. Mais telle est la volonté des organisateurs de l'exposition :
mêler art brut et art contemporain.
Pourquoi ? Parce que l'art brut est aussi contemporain,
puisqu'il est de toutes les époques. Longtemps associé à un univers
psychiatrique ou onirique, il a acquis ses lettres de noblesse grâce à
l’artiste Jean Dubuffet, créateur du Musée d’Art Brut de Lausanne, en
Suisse. L’art brut permet à chacun d'exprimer ses manies, ses divagations, ses
dadas, souvent par un travail ingrat, opiniâtre, de longue haleine, dans
l'anonymat, mais exécuté avec passion. Comme Ferdinand Cheval et ses galets.
Comme les bénévoles du village qui ont restauré le deuxième étage du Château,
pour offrir de belles salles à l'expo "ELEVATIONS". Comme Bruno
Decharme et Antoine de Galbert, qui rendent hommage au Facteur Cheval en mettant à disposition leurs collections. Tous méritent d'être salués.
« L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom : ce qu’il aime c’est l’incognito. Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s’appelle. » Jean Dubuffet. 1960
Exposition "ELEVATIONS" jusqu'au 30 août, Château
d'Hauterives, Drôme.
Article publié dans le JTT.
Article publié dans le JTT.
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