Le portrait d’une femme de l’ombre, celle qui fut la
compagne de Saint Augustin pendant quinze ans, avant d’être répudiée. Un
portrait tout en retenue, entre vie quotidienne, culte de la mémoire, silence
et quête spirituelle.
Le monologue d’Elissa interpelle sans cesse Augustin, elle
n’a pas rompu le lien, son amour bafoué reste l’essence de sa vie. Si elle
survit, c’est grâce à sa sœur, ses amis, et son travail de poterie, qui lui permet
d’exprimer ses sentiments. En filigrane, l’évolution
d’Augustin, hanté par la grâce, l’élaboration de ses Confessions, sa célébrité
rayonnante. Un portrait croisé, qui fait revivre un moment charnière, les IV et
V èmes siècles, quand l’empire romain s’effondre, les religions s’affrontent.
Païens, manichéens, ariens, chrétiens de diverses obédiences, de Carthage à
Rome et Milan, les intellectuels se passionnent pour la rhétorique, la
philosophie, la théologie, tandis que la barbarie menace.
Claude Pujade-Renaud a réussi un roman riche et maîtrisé. La
forme correspond à son héroïne : belle, simple, travaillée, paisible. Les personnages
secondaires, belle-mère omniprésente, amis fidèles ou non, fils ou fille de
substitution, permettent d’élargir le sujet aux questionnements humains en
général : transmission, solidarité, compassion. Le soleil, les fruits mûrs,
l’éclat de la Méditerranée ajoutent à la sensualité charnelle d’Elissa. Une
femme émouvante, digne, forte, et si proche.
Ce livre est disponible en poche chez Babel au prix de
8.70€.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 7 août 2014.
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