Pas question de
chaussures, ni d’Italie, dans ce récit, sauf symboliquement. Mais plutôt du
sens de la vie, des rendez-vous manqués, de la difficulté à exprimer ses
émotions, à assumer son passé. De la
solitude, de la peur. De la façon dont hommes et femmes les combattent. De
l'amour et de la rédemption, aussi.
Fredrick, la soixantaine, ex-chirurgien, vit reclus sur un
îlot gelé de la Baltique, sans autre visite que celle du facteur, en
hydroptère, les jours de courrier. Son seul loisir, c’est de creuser un trou
dans la glace chaque matin pour s’y baigner. Pour se sentir vivant, surtout. Il
a tout quitté, à la suite d’une grave erreur professionnelle.
Un jour, titubant sur la glace, débarque Harriett, son ancien
amour, devenue une vieille dame malade. Elle aussi, il l’a lâchement
abandonnée. Très déterminée, elle l’entraîne dans un éprouvant voyage vers le
Nord, et vers les souvenirs.
La nature suédoise omniprésente, à la fois magnifique et
terrible, marque inexorablement la vie des habitants : glace, forêt, mer,
ciel à l’infini. Les pérégrinations géographiques, les errances psychologiques
des humains, leurs erreurs, semblent minuscules à côté d’elle. Il faut savoir résister,
attendre le solstice, pour que la carapace de glace se craquelle, et qu’arrive
enfin le dégel des âmes et des corps.
Un roman sobre, intime, vibrant, passionnant d’un bout à
l’autre.
Henning Mankell est un écrivain suédois né en 1948 à Stockholm. Connu
internationalement grâce à la série policière des enquêtes de Kurt Wallander, où l'aspect psychologique est aussi important que
l'intrigue, souvent sanglante, il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique, où il a monté une troupe de théâtre.
Les chaussures
italiennes sont éditées en Points Poche, au prix de 7.60€.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 17 janvier 2013.
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