Passer quelques jours en
Touraine, c’est découvrir l’Ouest. Notre Far West.
Là-bas, les soirées sont plus
longues que chez nous. Le relief est plat, les coteaux ne sont que d’infimes
ondulations du terrain. Le climat, malgré des averses régulières, reste doux.
L’habitat est bien conservé, les guerres n’ont pas été destructrices, villes et
villages affichent une belle harmonie de tuffeau et ardoise. On utilise encore
systématiquement les caves troglodytes. Et le long des routes, ce ne sont que
vergers, potagers et vignes, une verdure ponctuée d’éclats, rosiers, iris et
seringas fleuris. Atmosphère paisible, convivialité. Petites routes sinueuses,
mais impressionnant réseau
hydrographique : on croit longer la Loire, et la rive du Cher apparaît. Entre Indre et
Vienne, c’est la
confusion. Et que dire de toutes les rivières détournées,
pour arroser les châteaux ?
Les Châteaux de la Loire forment une
entité extraordinaire. Sur une centaine de kilomètres, une nébuleuse de joyaux
architecturaux tous plus beaux, plus originaux les uns que les autres. Posés
dans des jardins raffinés, au milieu de parcs vénérables. N’en consommez pas
plus de deux par jour, conseillent les guides, pour ne pas vous lasser !
Nous avons donc visité Chambord, ses
extravagantes dentelles de pierre, chambres royales, et immense domaine de chasse, et Cheverny,
plus classique, plus vivant aussi, avec sa meute de chiens, et sa référence au
Moulinsart d’Hergé. Puis Villandry, ses 1260 tilleuls
taillés, ses superbes parterres géométriques, où buis, lola rossa, lavande,
myosotis, iris et pavots forment des mosaïques de couleurs… et Azay-le-Rideau, se
mirant dans l’eau, charmant tableau
romantique, entouré d’arbres centenaires, sycomores et platanes,
liquidambars et cèdres, séquoias et ginkgo bilobas.
Enfin Chenonceau, l’harmonie totale entre architecture novatrice,
faste royal, jardins travaillés et cadre naturel. Des gerbes de fleurs
splendides dans chaque pièce. Mais des hordes de touristes incontournables ! Et Chaumont, célèbre
pour son festival des jardins. Où la recherche esthétique n’arrive pas à
pallier le manque de profusion végétale: Plants trop jeunes, installations convenues. Le parc et la vue sur la Loire sont plus
intéressants.
La Touraine est le jardin de la France,
un paradis des sens. La fête de la Rose en est le summum. Non, il ne s’agit pas
de politique, mais du prieuré de Saint Cosme ! A l’ombre bienveillante de
Ronsard, dans l’ambiance romantique des ruines, une superbe exposition de
rosiers. Brume légère, atmosphère douce et harmonieuse, débauche de couleurs,
odeurs, et chants d’oiseaux. Le jardin d’Eden.
Tours offre l’effervescence de la
ville, de l’esprit : les musées, les rues piétonnes, la place Plumereau et
ses vieilles maisons tourangelles, en briques et colombages, la cathédrale Saint
Gatien, le quartier Saint Martin, le jardin botanique. Contraste
avec le calme des châteaux ligériens, où G. Sand, Balzac, J.J. Rousseau et bien
d’autres ont trouvé l’inspiration.
Chinon est la patrie de Rabelais,
donc de la bonne chère, mais vénère aussi le passage de Jeanne d’Arc. Amboise
reste associée aux fêtes de François Ier, Leonard de Vinci a choisi d’y
finir sa vie.
Partout, l’art et l’histoire,
mais aussi la douceur angevine, chantée par Du Bellay. Il fait bon vivre en Val
de Loire.