Une histoire dramatique traitée avec finesse, poésie et humour. Et habilement construite : partant de la narration de Michel, jeune collégien de Pointe-Noire, il s'ouvre sur l'histoire du Congo, de la colonisation, et de la politique africaine en général.
Michel promène le lecteur dans sa famille, son quartier, un monde bien ritualisé de petits bonheurs entre Maman Pauline et Papa Roger. Le collège, les courses, les copains, son chien, un quotidien rassurant qu'il enjolive encore de son imagination débordante. Mais un jour de mars 1977, la radio annonce l'assassinat du président Marien Ngouabi. Commence alors un temps de peur, de mensonge, de troubles. A la capitale Brazzaville, mais aussi dans son village et dans sa famille.
La naïveté des questions que pose Michel devant l'événement permet d'exprimer clairement toutes les difficultés qui gangrènent l'Afrique : corruption, militarisation, violence. L'évolution de son univers douillet vers un monde menaçant, aux dangers tapis dans l'ombre, est une brillante et douloureuse métaphore de la réalité politique, ainsi que des dérives de l'âme humaine en général. C'est très fort.
Alain Mabanckou est un écrivain né en 1966 à Pointe-Noire au Congo-Brazzaville. Ses oeuvres sont traduites dans le monde entier. Nommé au Collège de France en 2016, il enseigne actuellement la
littérature francophone à l'Université de Los Angeles.
Les cigognes sont-elles immortelles ? En tous cas, elles sont maintenant disponibles en format poche chez Points.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 28 novembre 2019.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire