vendredi 22 mars 2019

Le comptage des oiseaux migrateurs au belvédère de Pierre-Aiguille

C'est le début de la migration printanière, les oiseaux reviennent par nuées des terres plus chaudes, où ils ont passé l'hiver. Le belvédère de Pierre-Aiguille est un endroit idéal pour observer leur passage dans la vallée du Rhône. Le week-end, les promeneurs sont nombreux à fréquenter le « sentier des hirondelles» et à échanger avec les bénévoles de la LPO qui font des permanences sur place pour compter les différentes espèces.

Comment s'effectue le comptage ? Installés sur le piton rocheux, les observateurs repèrent d'abord à l'oeil nu les oiseaux qui approchent. Ensuite, ils les identifient avec leurs longues-vues, et notent soigneusement le nombre de représentants de chaque catégorie. Sur les tableaux d'affichage, on découvre ainsi que la population la plus nombreuse à traverser la région est celle des cigognes blanches : 6295, suivie des mouettes rieuses 1227, des grands cormorans : 1057, des buses variables :1016. Seulement 1 milan noir et 1 faucon crécerelle (recensement du dimanche 24 février).

Le beau temps facilite le travail des bénévoles, mais permet aussi à nombre de visiteurs d'observer les oiseaux ... s'ils sont patients. Les impatients peuvent se défouler sur le sentier des hirondelles, une jolie boucle plutôt sportive qui domine le Rhône d'un côté, s'enfonce dans les collines de l'autre. Ponctué de pancartes pédagogiques, ce sentier permet de tout savoir sur les vents, la flore, la faune et la géologie de Pierre-Aiguille. Une belle initiative de Crozes-Hermitage. 











Article publié dans le JTT.

jeudi 14 mars 2019

Chronique littéraire : La Fontaine, une école buissonnière, de Erik Orsenna


Un petit bijou d’érudition, d’humour, qui nous replonge dans la saveur des fables de notre enfance. 
Ce n’est pas une biographie traditionnelle, puisqu'elle présente le célèbre fabuliste avec ses maîtres, latins ou grecs, ses amis, et son époque, le XVIIème siècle. Tout cela documenté et commenté avec légèreté par Erik Orsenna. Car la vie de la Fontaine n’est pas un long fleuve tranquille. En choisissant Nicolas Fouquet comme mécène, il va suivre celui-ci dans sa chute, et Louis XIV, bien que reconnaissant son talent, ne lui versera jamais de pension. Résultat, La Fontaine fut un poète célèbre mais vivant dans la misère. Triste vie de courtisan, dixit Erik Orsenna, narquois, qui parle en connaissance de cause : il en fut un, à la cour de Mitterrand. 
Cerises sur le gâteau : les quelques fables qui terminent le récit, dont on se surprend à savoir encore quelques lignes apprises par cœur à l'école. Ainsi que l’esthétique réussie de la couverture de l'ouvrage, qui vient de sortir en Livre de poche.
Erik Orsenna, né en 1947 à Paris, est académicien, comme le fut La Fontaine. Habité comme lui par la passion de la langue française et celle de la gent féminine. Plume de Mitterrand, prix Goncourt, il a été nommé par E. Macron ambassadeur du Livre, chargé de réfléchir à l’extension du rôle des bibliothèques. Puisse-t-il réussir !

Chronique publiée le jeudi 7 mars dans le JTT.

jeudi 7 mars 2019

Les extravagances du lac de Lugano


D’abord la topographie : ce lac, enchâssé dans les Alpes tessinoises, entre Suisse et Italie, est constitué de cinq tentacules irréguliers, tels cinq doigts d’une main atteinte d’arthrose sévère, tant leur disposition est tortueuse. Les montagnes escarpées qui entourent le lac expliquent ces brusques changements de direction, elles empêchent aussi d’en faire le tour complet.

Ensuite le découpage politique : le lac est partagé entre Suisse et Italie, mais ce n’est pas aussi simple que la partition franco-suisse du lac Léman ou celle, italo-suisse du lac Majeur ! Si l’on en fait virtuellement le tour, on passe six fois la frontière. Un casse-tête administratif aussi aberrant que la forme du lac.

La cerise sur le Ceresio (le véritable nom du lac, Lugano n’étant que la ville la plus importante établie sur ses rives), c’est la présence d’une enclave italienne en terre suisse : le village de Campione d’Italia. Environ 1 kilomètre-carré italien au milieu d’une rive suisse du lac ! Une situation qui date de 777, lorsque le seigneur local, Totone di Campione, fit légataire universel de ses biens l'archevêque de Milan. La commune fut alors détachée de ses voisines. En 1521, le pape Jules II donna le Tessin à la Confédération suisse son alliée, sauf Campione, créant ainsi un régime d'exception qui dure depuis plusieurs siècles et résiste à toutes les tentatives d’échange.

Ceci dit, le lac de Lugano est comme ses proches voisins, le lac Majeur ou celui de Côme, un lieu de villégiature superbe. Climat doux, paysages escarpés, végétation luxuriante, dolce vita assurée. En dehors de la fébrilité de son poumon économique, Lugano, il ménage des promenades charmantes : Gandria et ses oliviers, Morcote, ses jardins, son église perchée et ses ruelles en galets. Et d’innombrables occasions de balades en montagne, de baignades et de navigation. Partout, on parle italien, on mange italien. Mais attention au porte-monnaie : les tarifs passent du simple au double lorsqu’on traverse d’Italie en Suisse. Il faut savoir choisir sa tranche … de lac !

Article publié dans le JTT du jeudi 28 février.