lundi 31 juillet 2017

Les Musicales de Tain l'Hermitage


C'est la sixième édition de cette série de concerts dominicaux en l'église de Tain. En effet, les dimanches d'été, de 17h à 18h, l'association « Les amis des orgues et du carillon de Tain-Tournon » offre au public une heure de concert. Des concerts qui ont pour dénominateur commun le splendide orgue Callinet, venu de Paris en 1885. Cet orgue historique, fabriqué par la célèbre maison alsacienne, a été restauré et inauguré en 2011, pour le plus grand plaisir des paroissiens et des mélomanes.

Chaque dimanche, des organistes venus de diverses régions de France s'y succèdent, bien souvent en duo avec d'autres instruments : trompette, violon, voix... Dimanche, c'était le tour de Jean-Pierre Griveau, titulaire des orgues de la cathédrale d'Orléans, accompagné à la trompette par son compatriote Bernard Petit-Bagnard. La musique de Boismortier, Borgo, Bach, Bartok... a résonné sous les voûtes, enchantant l'assistance nombreuse, avec en final les envolées de Haendel et Telemann.

L'organisation des concerts est une tache de longue haleine pour les membres de l'association, qui ne ménagent pas leurs efforts pour mettre ainsi l'orgue en valeur. Ils poursuivent aussi un autre objectif : valoriser le carillon de l'église. Cet instrument unique est le plus important carillon de toute la vallée du Rhône, de Lyon à Marseille, avec douze cloches, un bourdon et un timbre qui permettent toutes les mélodies. Un patrimoine peu utilisé, mais qui revient au goût du jour, ainsi la ville de Romans propose un concert de carillon au pied du Jacquemart le 9 août.

Prochains concerts d'orgue à Tain :
Dimanche 30 juillet à 17h, avec deux jeunes musiciens drômois pour un duo Orgue et violon.
Concerts suivants les dimanches 6, 20 et 27 août.
Participation libre, en soutien à l'association.

Article publié dans le JTT du jeudi 27 juillet.

jeudi 27 juillet 2017

Balades en Hermitage

Avec les balades littéraires, musicales et gourmandes, l'association Tain, Terre & Culture dévoile pleinement son objectif : faire connaître et apprécier le patrimoine et le terroir, à travers des moments de convivialité. Objectif atteint, puisque les participants à l'aventure ont pleinement apprécié la randonnée dans le vignoble, ses pauses distrayantes et sa bonne ambiance.

Cette année, le thème des balades est l'histoire de Tain, de la grande victoire des Romains sur les Gaulois à l'édification du Taurobole, de l'arrivée des ermites aux cépages prestigieux. Georges a chanté le vin, l'Ardèche et le soleil, Nicole a raconté légendes et vendanges, mais la vedette, c'était Célestin, 9 ans, et sa trompette. Guidant la marche avec des morceaux toniques, assurant la sécurité dans la descente, trouvant la cabane qui a servi de refuge pendant l'averse, il a partagé son entrain avec tous les participants. Et assuré le service au goûter près du Taurobole !

Les balades littéraires, musicales et gourmandes se poursuivent encore les samedis 29 juillet et 5 août. Rendez-vous à 16h pour partir avec le petit Train des Vignes, sur le quai Denfer à Tain. Montée en douceur, mais descente sportive. Pensez à bien vous chausser !

 Article publié dans le JTT du jeudi 27 juillet.

vendredi 21 juillet 2017

Chronique littéraire : Le temps est assassin, de Michel Bussi


Un thriller palpitant, un mystère total, où chaque chapitre distille un indice que le chapitre suivant infirme. On ne peut lâcher l’intrigue diabolique concoctée par l’auteur.

Un décor de rêve, la Corse, et plus particulièrement la sauvage Balagne, en été. Sur une route tortueuse un accident mortel a eu lieu en 1989, qui a coûté la vie aux parents et au frère aîné de Clotilde. En 2016, la même Clotilde, seule survivante, a enfin le courage d’affronter son passé et d’emmener mari et fille sur les lieux. Mais là, une lettre l’attend. Pas n’importe quelle lettre : elle a été écrite quelques jours avant par sa mère, morte…

Michel Bussi a choisi une double narration. D’une part le carnet intime de Clotilde à 15 ans, trop jeune pour sortir en boîte, trop grande pour suivre les parents, et qui observe les excès des uns, les erreurs des autres. Un carnet qui expliquerait beaucoup de choses, mais qui a mystérieusement disparu. D’autre part l’avancement de l’enquête menée par Clotilde, qui veut comprendre, 27 ans plus tard. Et se met en danger.

Les personnages aux réactions très affirmées (les adultes) ou en recherche (le groupe d’ados) sont parfaitement analysés. Le contexte corse et son omerta, la vie de couple et ses lassitudes, les relations ados-adultes, l’appât du gain, du sexe, chaque groupe a de bonnes raisons d’être coupable. Mais qui est passé à l’acte ? Qui a provoqué l’accident ? Des fantômes ?
Après avoir perturbé le lecteur dans des soupçons irrationnels, la réponse finale éclate dans toute sa complexité, les deux cercles ayant une part de responsabilité, dont l’assassin, et surtout l’auteur, ont admirablement su tirer parti.

Michel Bussi, né en 1965 dans l’Eure, professeur de géographie politique à Rouen, est devenu le deuxième écrivain français en nombre de livres vendus, après Guillaume Musso. Un succès bien mérité, couronné par de nombreux prix, on ne peut résister à ses énigmes diablement ficelées.

« Le temps est assassin » est disponible en poche chez Pocket.

Chronique publiée dans le JTT.

vendredi 14 juillet 2017

Corse : La vallée de la Restonica


La rivière Restonica descend du Monte Rotondo (2622m) et s’offre sur une quinzaine de kilomètres une course mouvementée jusqu’à Corte, capitale historique de l’île. C’est de là qu’on peut la remonter, le long d’une route étroite, jusqu’à la bergerie de Grutelle (1375m).
De merveilleux paysages rocailleux, des gorges encaissées, des vasques naturelles qui ravissent les baigneurs, tout cela au milieu d’une magnifique forêt de pins laricio séculaires. Arrêt à Grutelle, seul point où l’on peut faire demi-tour, où un parking payant est aménagé et obligatoire.

Pour les randonneurs courageux, pas question de se dorer au soleil sur les innombrables dalles qui bordent le torrent. La montagne les attend, et d’abord le lac de de Melu, à 1711m d’altitude. De Grutelle, il faut emprunter une rude montée caillouteuse au milieu d’aulnes nains que broutent les vaches en liberté. Des échelles métalliques facilitent la grimpe aux endroits presque verticaux. En haut, le paysage alpin est grandiose, dans un immense cirque rocheux, le lac s’étale. Et sa fraîcheur comble de joie les randonneurs. Baignade très agréable.

Mais ce n’est pas fini ! Plus haut, toujours plus haut, le lac de Capitellu (1930 m) se mérite. L’ascension cette fois est périlleuse, au milieu de blocs de pierre qui semblent taillés par des géants. La végétation se raréfie, quelques fleurs d’altitude survivent dans des micro jardins cachés entre deux rochers. Des chaînes fixées dans la roche permettent de se hisser, la progression est difficile. Tout au bout de l’effort, le lac de Capitellu apparaît, dans un paysage minéral de granit noir, où subsistent quelques traces de neige.
Des alpinistes escaladent lentement la paroi verticale au dessus. Le lac est glaciaire, mais aussi glacial, avec 40 m de profondeur. Plutôt que se baigner, il vaut mieux s’amuser à nourrir les grabes à bec jaune qui guettent le pique-nique. Ils viennent jusque dans les mains grapiller la nourriture, se gaver sans vergogne, ils n’auront aucune peine à redescendre ensuite. Mais pas les randonneurs !

Article publié dans le JTT du jeudi 13 juillet 2017.

samedi 8 juillet 2017

Festival Vochora : What is Ouates?


La vingtième édition du Festival Vochora s'est ouverte vendredi 30 juin, en l'église de Sécheras, par un concert absolument magique. Le groupe vocal Les Ouates a enchanté le public qui avait envahi la petite église. Venus de toute la région, attirés par la réputation de ce choeur régional de grand talent, dirigé par Brigitte Gardet,  les mélomanes ont bénéficié d’un sublime récital de chants polyphoniques du monde, interprétés a capella.

Six femmes, quatre hommes, dans une harmonie de noir et rouge, ont présenté un répertoire issu du monde entier : chants tchèques, arméniens, bulgares, corses, napolitain, kosovar ou géorgiens, pays qui offrent une vaste source d'inspiration ... Tous interprétés dans la langue originale et sans partition. Amour, séparation, enfance, liberté, les grands thèmes populaires évoqués en quelques mots de présentation suffisaient à faire passer l'émotion.

Avec une technique parfaite, le groupe se scindait, s'opposait, se répondait, à deux, quatre, huit voix, ou tous ensemble. Les improvisations polyphoniques mettaient en valeur la complicité entre les chanteurs, leurs qualités vocales respectives. Mention spéciale pour « El ultimo cafè » un chant ou plutôt une mise en scène d'origine argentine ou « La course » d'après Bela Bartok, au rythme endiablé !

Le Groupe Les Ouates fêtait précisément le 30 juin ses dix ans d'existence. Brigitte Gardet, passeuse de musique passionnée, après les rappels, a fait chanter le public. Mais pas à l'unisson : Grâce à des vocalises à quatre voix, soutenues par les chanteurs dispersés dans l'église, le public a vécu la polyphonie en direct. Un beau moment de partage.

Pendant la descente nocturne vers Tournon, les mélomanes pouvaient s’amuser à paraphraser la rengaine … « de toutes les manières, c'est les Ouates que j'préfère » ...

Le festival Vochora se poursuit tout au long du mois de juillet. Pour tous renseignements, consulter l'Office de tourisme ou le site : www.vochora.fr

Article publié dans le JTT du jeudi 6 juillet 2017.



dimanche 2 juillet 2017

Chronique littéraire : La chaise numéro 14, de Fabienne Juhel


C'est une chaise de bistrot, une simple chaise Thonet, qui soutient l'héroïne, Maria, dans sa tentative de reconquérir sa dignité. Car Maria a été tondue à la Libération, par une bande de résistants haineux. Elle avait aimé un capitaine allemand.

Le drame des femmes tondues, au mépris de toute justice, à la fin de la guerre en 1944-45 est un thème qui n'a guère été traité. Pourquoi ? Parce qu'il met à jour plusieurs réflexions morales dérangeantes. Pourquoi tondre les femmes, qui ont aimé des Allemands, alors qu'elles n'ont nui à personne ? Est-ce pire que faire du marché noir, ou obéir avec zèle aux nazis sous prétexte qu'on est fonctionnaire ? Pourquoi les Américains libérateurs, ainsi que les administrations françaises, ont-ils laissé faire ? Qui s'arroge le droit de punir et pourquoi ? Que penser de la lâcheté ou des encouragements de la foule présente ? Quels comptes se règlent derrière cette pratique ? Une vengeance sexiste, un besoin d'affirmer sa virilité ?

Fabienne Juhel, qui enseigne la littérature en Bretagne, traite cette histoire originale avec une belle écriture poétique. L'atmosphère étrange permet à l'intrigue, menée avec brio, des revirements inattendus. Les personnages atypiques, débonnaires ou méchants, sont pour l'auteur l'occasion de régler quelques comptes avec le racisme, la religion, la bêtise humaine en général. Et surtout de faire réfléchir.

Un livre original, dérangeant, au message fort et lumineux, en poche dans la collection Babel.


Chronique publiée dans le JTT du jeudi 29 juin.