Le salon des Auteurs de Tain, organisé ce week-end par
l'Association Tain Terre et Culture, conjointement avec la Mairie et la
Bibliothèque a joué la diversité. Celle des genres littéraires : romans, essais,
policiers, carnets de voyage, albums jeunesse, BD, fantasy ... celle des auteurs,
une quarantaine, réunis dans la salle Charles Trenet. Et celle des animations proposées
en plus des échanges et dédicaces : Contes et lectures par Christophe
Mercier et la MJC pour les enfants. Et pour les adultes, conférences
passionnantes sur des personnalités régionales aux destins … romanesques.
Françoise Coulomb, historienne, a ainsi exposé la vie de deux
nobles familles de Tain, les de Florans et de Cordoüe, riches propriétaires
unis par le mariage, dont les demeures se faisaient face dans la
Grand'rue : la maison occupée par Sculptur'art et celle sur laquelle a été
construit l'immeuble l'Argens. Ces aristocrates, riches propriétaires terriens,
après avoir vécu dans l'opulence jusqu’au XVIIIème siècle, ont subi des revers
successifs, révolutions, guerres, destructions ou dilapidation des biens... Si
bien que seule une malle contenant de plus de 900 lettres est parvenue par une
suite de hasards entre les mains de la famille Coulomb. Grâce à ces archives,
Françoise a reconstitué l'histoire des familles, leur implication dans la vie
locale. Son livre recèle une somme d'anecdotes édifiantes sur le fonctionnement
de la noblesse provençale au XIXème siècle, des mariages arrangés (ou
contournés) aux choix politiques, en passant par les menus de fête, l'entretien
des propriétés agricoles et dons aux oeuvres de bienfaisance.
Destin totalement opposé à celui de la Mère Brazier, célèbre
cuisinière lyonnaise, raconté par Jacotte, sa petite-fille. Eugénie Brazier est
née en 1895 dans une pauvre famille de paysans de l'Ain. Pas d'initiation à la
cuisine, au contraire, la faim au quotidien. Et pire encore, quand son
père la chasse en 1914, alors qu'elle est enceinte. Ne sachant ni lire, ni
écrire, sans formation, elle trouve une place de nourrice dans une famille
bourgeoise de Lyon : les fabricants de pâtes Milliat. Et son destin bascule quelques années plus
tard, lorsqu'elle est envoyée en apprentissage chez la Mère Fillioux, célèbre
restauratrice locale. Elle y apprend les rudiments de la cuisine et découvre
ses capacités culinaires. En 1921 elle ouvre son propre bistrot rue Royale à
Lyon : Chez la Mère Brazier. Le succès ne tarde pas. Edouard Herriot en
fait sa cantine : les poulardes en demi-deuil, quenelles au gratin et
artichauts au foie gras sont bientôt aussi célèbres à Paris qu'à Lyon. Eugénie achète
ensuite un autre restaurant au col de la Luère, dans les Monts du Lyonnais en
1928, et obtient en 1933 un classement trois étoiles pour ses deux
établissements, du jamais vu ! Paul Bocuse devient son apprenti en 1946. Tous
les grands de la politique et du monde artistique viennent déjeûner chez elle ...
La Mère Brazier continue de régner en cuisine, vitupérant, hurlant, rudoyant
son équipe, sept jours sur sept, 365 jours par an, jusqu'en 1977.
Article publié dans le JTT.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire