Les cigognes, symboles de fidélité et de fécondité,
apportent-elles encore les bébés dans les maisons ? Ces oiseaux mythiques,
à la silhouette élégante, ont nourri l’imaginaire de nombreux artistes :
chanteurs (Lina Margy 1945), cinéastes (Quand passent les cigognes 1957),
scénaristes (Cigognes et compagnie 2016).
Mais l'essentiel, c'est que leur retour d’Afrique, par Gibraltar puis le long du couloir
rhodanien, annonce l’arrivée du printemps.
La cigogne blanche est un des plus grands oiseaux d’Europe
(1,15 mètre de hauteur). Plumage blanc, ailes bordées de noir, bec et pattes de
couleur rouge. Elles profitent des ascendances thermiques pour s’élever
rapidement en spirale, et donc évitent de survoler la mer, où ces ascendances
n’existent pas. C’est un oiseau familier qui peut vivre près des hommes et
nicher au cœur des villes.
Emblème de l’Alsace, dont elle promeut les spécialités, elle
y est l’objet de toutes les attentions. On préserve amoureusement leurs nids,
au sommet des clochers, des toits, des pylônes, lieux permettant une vue
dégagée, propices à repérer grenouilles, insectes et autres vers. Les nids
constitués de branchages peuvent peser jusqu’à 500 kg ! Un parc
d’attraction, Cigoland, à Kintzheim leur est même entièrement consacré. Et le
célèbre dessinateur et caricaturiste Hansi en a fait sa marque de fabrique.
Au début du printemps, le mâle arrive le premier, et choisit son nid. Quand la femelle le rejoint, ils l’améliorent ensemble. La ponte s’effectue sur plusieurs jours, les
œufs, 3 à 5, sont déposés sur un matelas d’herbes sèches. Le mâle et la femelle se
relaient pendant toute la durée de l’incubation de 30 à 32 jours. Les cigogneaux
couverts de duvet gris à la naissance, virent au blanc ensuite. Dès
l’âge d’un mois, les jeunes commencent à battre des ailes de temps en temps sur
le nid. A 45 jours, les plumes se sont développées et les battements d’ailes
répétés permettent aux cigogneaux de s’élever un peu dans les airs tout en
restant au dessus du nid. Ils prennent rapidement de l’assurance, s’élèvent toujours
plus haut et développent leur musculature. Pendant cette période
d’apprentissage, les parents espacent leurs retours et apportent moins de
nourriture pour inciter les jeunes à quitter le nid. Le premier envol a lieu
autour de l’âge de deux mois, les jeunes font alors de fréquents allers et
retours entre le sol et le nid.
Puis ils deviennent indépendants, cherchant seuls leur nourriture. Ils quittent
le nid dans la matinée pour n’y revenir que le soir. Pendant cette période, les
parents peuvent très bien ne plus revenir au nid. Les voilà capables d’affronter
la grande migration.
Une éducation modèle, pour ces oiseaux dont on vante aussi
la solidarité filiale, ils ont la réputation de prendre soin de leurs vieux
parents, de les nourrir, et même de les transporter
.
Pourtant les cigognes ont bien failli disparaître de notre
pays. Plusieurs raisons à cela : L’assèchement des zones humides, où elles
trouvent leur nourriture, l’utilisation de pesticides, les collisions avec les
lignes électriques, les tirs de chasse pendant la migration, et le massacre sur
les lieux d’hivernage. D’importantes mesures de préservation ont été prises en
France, comme Naturoparc à Hunawihr, un centre de réintroduction et de sédentarisation des cigognes. Grâce à
ces mesures, les cigognes sont présentes dans plus de 40 départements, avec
près de 2400 couples nicheurs.
De tous temps, on a attribué à la cigogne
de nombreux bienfaits.
Sa présence sur une maison la protège des incendies. On raconte qu’en 1007
la foudre frappa la cathédrale de Strasbourg, alors en construction, et que les ouvriers
ne reprirent le travail que lorsqu'un couple de Cigognes blanches se fut installé sur les échafaudages. Et en Egypte antique, le
hiéroglyphe cigogne représentait ... l’âme !
Article publié dans le JTT du jeudi 2 mars.