Le mois d’octobre est celui de la récolte du safran. Le
safran appartient à la famille des crocus, sa fleur mauve en automne est
semblable à celle du colchique (qui, elle, est toxique). La plante fleurit après
une période de dormance estivale. Une croissance inversée : En hiver, les
bulbes se développent alors que la nature est figée et l’été, la plante dort,
alors que la nature explose.
Le safran est une épice rare, issue d’une fleur, dont on
exploite les vertus culinaires ou médicinales depuis l’Antiquité. Originaire du
Moyen-Orient, il est maintenant cultivé sur une large bande allant de la
Méditerranée au Cachemire. La France (Val de Loire, Aquitaine, Provence,
Alsace), l’Espagne et l’Italie sont producteurs. Antioxydant, régénérant,
protecteur du foie, il donne aux plats une couleur éclatante, mais présente
néanmoins quelques effets indésirables s’il est consommé en grande quantité.
Cela ne risque pas de vous arriver ! Avec un prix de vente de 20€ environ
pour un gramme, c’est une des denrées les plus chères au monde, on l’appelle
d’ailleurs l’or rouge.
Les feuilles de safran sortent de terre en septembre, les
premières fleurs apparaissent en octobre, la floraison dure environ un mois.
Une pousse blanche le matin annonce la fleur du lendemain. Chaque fleur
comporte 6 pétales violets, 3 étamines jaunes et un pistil rouge. C'est ce
fameux pistil composé de trois stigmates (filaments) qui, une fois
séché, donne l'épice safran.
Les fleurs sont récoltées à la main avant le lever du soleil parce que dès que
la luminosité est plus forte, elles s’ouvrent et la récolte est plus difficile.
Puis les pistils sont extraits à la pince à épiler, juste après la cueillette,
avant d’être mis à sécher sur un tamis, à une température d’environ 40°, et enfermés
dans un bocal hermétique. Il faut compter environ 200 fleurs pour obtenir un
gramme de safran. Tout le processus est exécuté minutieusement.
Cultiver du safran n’est pas simple, la plante dépend
entièrement du geste de l'homme, puisque son pollen est stérile. Elle se
reproduit par multiplication de cormes (bulbes) dans le sol. Un terrain
léger, charrué, drainé, fumé et bien ensoleillé est nécessaire. Mais surtout,
il en faut beaucoup : les bulbes ont besoin d’espace, on doit les changer de
place chaque année. Ils sont très sensibles aux maladies, à chaque changement
de place, il faut les plonger dans un bain fongicide avant de les replanter, à
une quinzaine de centimètres de profondeur. Il faut aussi les protéger des
prédateurs : mulots, lapins, taupes, hérissons ; sangliers… qui en
sont friands. Après, on laisse pousser l’herbe sur la safranière jusqu’en
septembre, pour protéger la pousse des bulbes.
En cuisine, le safran est l’ingrédient qui donne une belle
couleur jaune-orangé à la bouillabaisse, la paëlla
valenciana et au risotto alla
milanese. Il est aussi employé en pharmacologie, et pour colorer les
vêtements, ceux des moines bouddhistes notamment. A cause de sa valeur, il est
souvent remplacé par d’autres épices, ou carrément falsifié : on va
jusqu’à mélanger la poudre de safran à de la brique pilée ! Soyez
attentifs, on peut le trouver sous deux conditionnements : le petit bocal
de 1g, ou les dosettes de 0.1mg. Mais, même en infime quantité, quelle saveur …
Article publié dans le JTT du jeudi 1 décembre.
Article publié dans le JTT du jeudi 1 décembre.
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