C’est en pleine ville de Bâle que ça se passe ! En été,
la métropole suisse, historique et universitaire, financière et industrielle, se
transforme en station balnéaire. Étrange cohabitation des employés en costume
strict se pressant vers la City, avec des baigneurs déambulant en simple maillot
de bain. Ceux-ci viennent de traverser la ville en flottant sur le Rhin, appuyés
sur un gros sac étanche contenant leurs affaires, et s’apprêtent à
recommencer. Malgré la canicule, fraîcheur garantie : l’eau est à 23°.
La ville de Bâle, s’est réapproprié son fleuve. Promenades
piétonnes et cyclistes sont aménagées le long des rives du Rhin. En les parcourant,
on redécouvre les bains publics, pilotis construits sur le fleuve, pour assurer
des baignades encadrées, ou siroter un café au bord de l’eau. Plages sauvages, jardins
fleuris, cabanes de pêche au carrelet avec leurs filets suspendus, et surtout une
eau saine, le Rhin s’affiche clairement en zone de loisir pour ses habitants,
malgré les obligations portuaires. Avec les terrasses, glaciers, musiciens,
dans les rues piétonnes adjacentes, on se croirait au bord de la mer.
Les Bâlois, accrochés à leurs sacs étanches, entrent
dans le Rhin vers le pont Tinguely, et se laissent emporter par son courant rapide
sur environ deux kilomètres. Une baignade relax, puisqu’on flotte, mais pas
sans danger : il faut rester rive droite, pour ne pas gêner la navigation
des péniches, bateaux de croisières, et autres taxi-boats. Eviter aussi les
piles des vénérables ponts de la ville, et les traversées régulières des bacs
treuillés. Le courant est vif, il faut lutter contre lui pour regagner la rive,
donc s’y préparer d’avance. Mais les citoyens helvétiques sont disciplinés et la
police fluviale veille.
Le soir, l’affluence sur les quais et dans le Rhin augmente encore, après une journée de travail, on y vient en famille, entre copains ou collègues. Les musiciens de la grande parade du Tattoo accompagnent alors de leurs notes martiales les centaines de baigneurs en goguette. Flotter en musique sur ce fleuve mythique, une expérience extraordinaire !
Article publié dans le JTT.