Jean-Luc Seigle, né dans le Puy de Dôme, près de
Clermont-Ferrand, est un auteur et scénariste français. Il a été élevé par un
grand-père paysan, ancien soldat de 14 devenu ouvrier chez Michelin, et une
grand-mère communiste qui lui a donné le goût des livres.
Tous ces ingrédients, on les retrouve dans son roman. Le
roman du blues d’Albert, ouvrier-paysan chez Michelin, qui, la cinquantaine
venue, ne se sent plus à sa place, en ce début de juillet 1961. Sa femme,
Suzanne, férue de modernité, lui échappe. Des robes neuves, une cuisine en
formica, la machine à laver, elle en veut toujours plus. Ce jour-là, c’est la
télévision qui va faire son entrée dans leur foyer. La première du village, alors
elle a invité tout le monde! Car ce soir, à la télévision, un documentaire
va montrer aux Français la guerre d’Algérie, à travers l’interview de jeunes
appelés. Et parmi eux, Henri, le fils chéri.
La chaleur épuise Albert, l’envie de mourir le hante. La pensée
de Gilles, son plus jeune fils, le retient. Mais Gilles s’est découvert une
passion pour les livres. Et Albert sent que sa présence n’est plus utile. Il
attend le déclencheur.
Les années 60 et leurs bouleversements économiques, la
difficulté d’adaptation du monde rural, la menace d’une longue guerre en Algérie,
ce livre présente en détail le chamboulement sociologique et psychologique d’une
époque troublée. Mais l’analyse fouillée des caractères, des dissensions, des non-dits
dans les familles, donnent aux personnages de Jean-Luc Seigle une valeur
d’éternité. Un livre poignant.
En vieillissant les
hommes pleurent est disponible en Poche chez J’ai Lu.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 30 avril 2015.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 30 avril 2015.