Dès la vallée du Rahin, le vert
domine. Premières feuilles écloses au bord du ruisseau, forêt dense de sapins en arrière-plan. De la maison forestière, nous remontons le long des cascades de la Goutte des
Saules. Aujourd’hui, ce n’est pas leur débit qui nous impressionne, c’est la
mousse d’un vert éclatant, presque fluorescent, qui recouvre les rochers et les arbres alentour. La
grimpette permet d’en profiter, à hauteur d’œil. Une mousse abondante, fraîche,
drue, née de la dernière pluie. De la chlorophylle pure, on en mangerait !
Avec l’altitude, nos pas glissent entre flaques gelées et neige en fine pellicule, qui s'épaissit, au-delà de 1000 m
d’altitude. Idéale pour rafraîchir les bouteilles destinées à l'apéritif rituel, au col
des Chevrères. Une descente joyeuse sur Belfahy nous conduit à l’auberge de la Belle Hêtraie (traduction littéraire de Beau fayard). Le patron est au diapason de l’ambiance,
et sa poireaute comtoise délicieuse : Poireaux, pommes de terre, carottes, saucisse de Morteau,
lard et porc, arrosés de vin blanc et recouverts de fromage, ont été longuement
mijotés dans une cocotte en terre bien fermée… Après l'effort...
La descente vers Plancher les Mines s’effectue par un
sentier raide et caillouteux, encore couvert de feuilles sèches. Mais le
printemps explose tout autour : parterres de primevères, anémones,
violettes. Dans les prés voisins, profusion de chatons jaunes, bourdonnements d'insectes, premiers chants d’oiseaux. Les sommets et vallées vosgiennes se découpent dans le ciel en un superbe dégradé de verts. Il ne reste plus qu’à
remonter le long du Rahin qui clapote joyeusement sur les cailloux.