C’est une pratique autorisant les éboueurs marseillais à
quitter leur travail quand la tournée est finie. Logique, à son origine, dans
une société qui avait le culte du devoir accompli. Mais le fini-parti est devenu une aberration économique : fini-parti s’est transformé en pas fini-mais bien parti. Résultat :
la ville de Marseille est en permanence encombrée de poubelles,
pourtant les Marseillais sont ceux qui paient les plus fortes taxes
d’enlèvement des ordures en France. Les journalistes du magazine Capital sur M6
ont mené leur enquête.
Embarquement des caméras dans un camion-benne. La tournée se
déroule correctement pendant 3h30, puis le camion rentre au dépôt, au nom
du fini-parti. L’autre moitié de
la tournée n’est pas assurée. Interview des usagers, excédés devant les
poubelles qui restent en plan.
Caméra cachée dans les rues, dans un deuxième temps :
on voit les camions des éboueurs arriver à toute vitesse, quelques poubelles
sont vidées à la hâte, d’autres renversées, ou ignorées, et les camions
repartent sur les chapeaux de roue. Interview
d’un responsable de la propreté de la ville : Sur son écran, il visualise le
déroulement des tournées en direct, chaque camion ayant une balise. Tout est
transparent : les trajets empruntés, la vitesse abusive des véhicules, les
arrêts bâclés, environ 10 secondes pour ramasser les ordures, la tournée
interrompue. La faute au fini-parti ! Travailler à mi-temps,
être payé à plein temps, à Marseille, on peut le faire...
Troisième étape à la mairie de Marseille. Le Maire, d’un
naturel arrangeant, explique qu’il tolère tout ça, pour ne pas avoir à subir de
conflit avec le syndicat des éboueurs.
Le mot est lâché. Le syndicat ! FO a investi tous les
niveaux de la fonction publique à Marseille. Aucune mesure ne peut être prise
sans son aval, donc FO verrouille tout, décide des grèves, des promotions, des
mutations, du temps de travail. Et encourage le fini-parti, prisé par ses adhérents. FO a même obtenu 600
mètres-carrés de bureaux refaits à neuf par la municipalité dans un immeuble de
prestige.
Fini-parti, ça
ressemble à pas vu-pas pris, une malhonnêteté
affichée. Une galéjade au milieu des scandales, magouilles et règlements de
comptes qui sont le quotidien des Marseillais ? Non, car ici toute la
population est prise en otage, obligée de vivre dans ses poubelles. A Naples, c’est
une histoire de Mafia. A Marseille c’est le fini-parti.
Que faire pour que plus belle soit la vie ? Au moins, comme
Stéphane Hessel, Indignez-vous !
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