Retour sur la guerre en Yougoslavie.
Marc, un écrivain français, enquête en 2010 sur les événements
des années 1992-95, et sur leurs conséquences. Une folie meurtrière
s'est alors emparée du pays, les communautés serbes, croates,
bosniaques, qui, jusque là, cohabitaient en bonne intelligence se
sont déchirées, dans d'effroyables tueries, les familles ont été
décimées, les maisons détruites. Comment peut-on vivre après cela
?
Marc est surtout passionné par le cas
d'Ana Mladic, fille du général serbe accusé de génocide, dont la
mort reste mystérieuse, suicide ou attentat ? Les problèmes des
enfants de criminels de guerre le fascinent, lui qui a
été rejeté par sa famille, après une enfance maltraitée. Que
peut-on construire sur des cendres ?
Pour les Serbes, la paix actuelle n'est
pas synonyme de nouveau départ. Leur pays est partagé en deux, les
plus récalcitrants sont isolés dans la partie serbe de la
Bosnie-Herzégovine. Ailleurs, les affairistes sont au pouvoir, les
anciens héros de la guerre écartés ou poursuivis, alors qu'ils
n'ont souvent fait qu'obéir. Au chômage, au sentiment d'abandon,
s'ajoute celui d'injustice, de peur, devant les nombreux règlements
de compte, et les jugements partiaux de l'Europe.
Lionel Duroy joue les correspondants de
guerre. A travers l'enquête de Marc, son alter ego, il nous permet d'appréhender
un maximum d'éclairages sur cette guerre si proche. Le bilan des
conséquences est désastreux, et même désespéré : la
poudrière des Balkans ne demande qu'à exploser à nouveau. Comme
son impossible vie familiale, que ses écrits ont fait voler en
éclats.
Lionel Duroy , né en 1949 à Bizerte,
a vécu une enfance opprimée dans une famille réactionnaire.
Successivement livreur, ouvrier puis journaliste et écrivain, il a
obtenu avec son roman le Prix Renaudot des Lycéens en 2012. En
format de poche, chez J'ai lu, au prix de 6,50€.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 28 novembre 2013.