Un métier de plus en plus rare (il reste une cinquantaine de taxidermistes en France), qui, à côté de la maitrise technique, exige de grandes connaissances en zoologie, des capacités d’observation ainsi qu’un
regard artistique. Les étapes de naturalisation diffèrent suivant les animaux.
Pour les oiseaux, c’est assez simple, la peau est soigneusement découpée, la
chair et les os sont extraits et remplacés par une boule de paille avant de
recoudre. Pour les grosses bêtes, une fois la peau retirée, il faut modeler la
forme exacte de l’animal en mousse de synthèse, avant de l‘habiller de sa
fourrure. Un travail de sculpteur. Quant à la position choisie, elle est le
fruit d’une observation minutieuse des habitudes de chaque animal. De son
enfance dans les bois, Christian Schneiter a gardé l’habitude d’observer les
animaux, étudiant la démarche du blaireau, les expressions du renard ou le vol
de la corneille.
Christian Schneiter travaille
pour les particuliers, les musées, les écoles. Il reçoit des animaux provenant
du monde entier. Morts dans les zoos, les centres de soins, les élevages, tués
à la chasse ou au bord des routes… Son impressionnante collection d’animaux
naturalisés est issue de tous les continents, avec une exceptionnelle variété
d’oiseaux exotiques, de félins, mais aussi de spécimens de nos régions,
rongeurs, lynx, ours, loups … Aujourd'hui cette collection, la plus importante
de Suisse, est un formidable outil pédagogique.
Mais l’exposition ne s’arrête pas là, car Christian Schneiter a décidé d’évoluer vers une dimension plus artistique. D’abord en mettant en scène les Fables de La Fontaine. Puis en créant des personnages fantastiques, mi-hommes, mi-bêtes : la salle “Manimal” compte une centaine de mannequins humains à tête d’animaux naturalisés, dans des situations cocasses, ainsi que chimères, yétis, licornes et autres centaures. Il est invité à exposer ses créatures à travers toute l’Europe.
Dernier tournant professionnel la réalisation de projets imposants, sculptures de résine ou de bronze, reprenant les animaux emblématiques des régions. Des commandes issues de responsables de tourisme qui les installent sur les places publiques ou ronds-points, où les visiteurs adorent se photographier. Chamois, aigles, ours, vaches, symboles de la montagne, du pays, ou destinés à décorer un jardin, Christian Schneiter fabrique ainsi n’importe quel animal dans n’importe quel format, à la demande. Une spécialité encore plus rare que la taxidermie.
Article publié dans le JTT du jeudi 28 février.