lundi 31 août 2015

Expo Milano 2015

Les expositions universelles sont le reflet de leur époque. De celle de Paris en 1889, il nous reste la Tour Eiffel, édifiée pour fêter le centenaire de la Révolution. A Milan cette année, un assaut de créativité architecturale se déploie autour d’une préoccupation majeure : nourrir la planète. Parcourir les 110 hectares de l’expo est donc un régal pour les yeux et les papilles.

Les pavillons rivalisent d’extravagance par leurs formes, couleurs, matériaux. Conteneurs bariolés de Monaco protégeant la vie sous-marine, voiles dressées du Koweït sur dunes  de sable, pont de singe amazonien pour accéder au Brésil, mur de barils de saké devant le Japon, piliers de bambous du Viet-Nam, rideaux de perles multicolores d’Equateur, le spectacle est partout.
Dans chaque pavillon, la nourriture locale est à l’honneur. Grenades d’Iran, raviolis chinois, sushis, nems, kebab, hamburgers, café colombien, chocolat, épices  … et bien sûr Eataly. La France s’en sort bien, avec un élégant pavillon en bois franc-comtois, au plafond ondulé garni de casiers d’où surgissent toutes sortes de victuailles. Bonus : l’odeur de pain chaud qui flotte à l’entrée.
Tous les sens sont sollicités, jardins d’aromates, goût des épices dans lesquels on peut puiser librement, mélodies populaires ou tambours lancinants, jeux d’eau et de lumière autour de l’arbre de vie.

Le point commun à tous les participants, symbole de l'époque, c'est la profusion d'images virtuelles : Diaporamas d’agriculture traditionnelle en Turquie, tables interactives et jeux vidéo du pavillon US, forêt d’écrans chinoise, images défilantes en Iran, œilletons pour observer les méduses à Monaco ou les ours en Estonie. La France propose des exposés didactiques sur les différents acteurs de l’agroalimentaire. Mais à part quelques initiatives de partage avec les plus pauvres, le manque de propositions novatrices pour nourrir la planète fait défaut.

Certains pays n’ont même pas respecté le thème. Pour eux l’expo est l’occasion de faire leur promotion. Il est amusant d’ailleurs de voir comment se représentent les régimes durs : La Chine a construit le plus grand pavillon, entouré d’une multitude d’œillets jaunes, et le président Xi Jinping accueille les visiteurs par un discours de bienvenue enregistré sur grand écran. Au Turkménistan, la photo en pied du dictateur trône à l’entrée, précédant une grande carte des ressources du pays en gaz et pétrole ! Un immense miroir tremblé, comme une steppe glaciaire, avale les visiteurs de la Russie, dirigés ensuite par des beautés évanescentes en talons vertigineux, entre gerbes de céréales et tableau de Mendeleïev, jusqu’à la boutique où on vend des tee-shirts à l'effigie de Poutine.

 A Milan, avec 130 pays participants, 20 millions de visiteurs, on ne peut voir en une journée qu’une partie des pavillons, tant les files d’attente s’allongent. Mais il faut saluer une logistique réussie. Trains, métros, bus, parkings donnent directement sur le site, le personnel d’accueil est vigilant et sympathique, les guichets nombreux. Tout le long du decumano, l’artère principale protégée du soleil par un système de voiles à la romaine, on trouve toilettes, wifi, chaises-longues, brumisateurs et petite restauration… On peut s’y reposer, s’y sustenter, assister à un spectacle, une parade.

Il reste moins de deux mois pour visiter cette immense vitrine du monde, d’une richesse et d’une diversité inouïes. Profitez de la proximité, car c’est à Astana au Kazakhstan, puis à Dubaï, qu’auront lieu les prochaines expositions universelles !

Article publié dans le JTT.

lundi 24 août 2015

Stop à l'ambroisie !

L’ambroisie est une plante sauvage qui envahit la région Rhône-Alpes. C'est un véritable fléau, à double titre, car d'une part elle  colonise l'espace, et  d'autre part son pollen entraîne de sévères allergies : rhinites, conjonctivites, asthme, eczéma.... L’apparition de ces allergies se situe en fin d’été, derniers jours d’août et surtout septembre, au moment de la floraison.
Si vous repérez un plant d’ambroisie, arrachez-le immédiatement, avant sa floraison. Une opération simple, surtout après une petite averse : on peut alors facilement extraire la plante et sa racine à la main. Vous pouvez ensuite la laisser sur place, elle sèche et devient inoffensive. Après floraison, c’est plus difficile, il faut se protéger du pollen avec gants et masques.

L’ambroisie pousse sur les friches, les terrains fraîchement retournés, chantiers ou cultures, un sol dénudé favorise son implantation. Feuilles découpées, tige couverte de poils blancs, elle croît très vite et peut atteindre la taille d’un buisson. La floraison commence fin août, et la présence de vent favorise le transport du pollen, une poudre jaune qui colle aux pieds. Quand la fleur femelle est fécondée, elle produit des akènes qui évoluent ensuite en graines et se répandent sur le sol.
Le Ministère de la Santé et l’INRA ont mis en place l’Observatoire de l’ambroisie en 2011, pour informer le public de sa dangerosité et mettre en place des plans de prévention et de lutte contre la prolifération. Des capteurs de pollen sont installés dans les principales régions infestées, dont un à Valence. Des instructions générales émanant de la Préfecture obligent à signaler la présence d’ambroisie, et exigent sa destruction. Mais faute d’application sur le terrain, la seule solution, c’est d’intervenir individuellement. Et tout de suite !
 
La meilleure façon de s’en protéger à long terme, c’est de recouvrir le sol d’autres semences. Face à une pelouse ou un potager, l’ambroisie renonce, cette plante invasive ne supporte pas la concurrence. 

 Plus d’info : www.stopambroisie.com 

Article publié dans le JTT.

lundi 17 août 2015

Art brut au Château d'Hauterives (26)

Chaque été une importante exposition d'Art brut est proposée au Château d'Hauterives. Mais qu'est-ce que l'Art brut ? Tout simplement la création d'œuvres par des passionnés, qui n'ont aucune formation artistique, ne se réclament d'aucun mouvement, d'aucune école. Ils créent pour leur plaisir, avec leur propre technique, beaucoup d'imagination et peu de moyens. L'exemple tutélaire : le Facteur Cheval, dont le Palais Idéal, juste à côté du château, attire les foules.

L'Art brut plait au grand public, il est d'un accès facile, même les enfants saisissent au premier regard le travail de l’auteur, son cheminement. On admire la performance, sans besoin d’explication, contrairement à l'art contemporain, qui justifie ses installations onéreuses par des théories nébuleuses. Ainsi, le tas de confettis noirs, intitulé "passage à l'âge adulte" fait tache au milieu des calligraphies minutieuses, des montages éclectiques, des céramiques déjantées, qui ont nécessité des heures de patience et d'inventivité à leurs auteurs. Mais telle est la volonté des organisateurs de l'exposition : mêler art brut et art contemporain.

Pourquoi ? Parce que l'art brut est aussi contemporain, puisqu'il est de toutes les époques. Longtemps associé à un univers psychiatrique ou onirique, il a acquis ses lettres de noblesse grâce à l’artiste Jean Dubuffet, créateur du Musée d’Art Brut de Lausanne, en Suisse. L’art brut permet à chacun d'exprimer ses manies, ses divagations, ses dadas, souvent par un travail ingrat, opiniâtre, de longue haleine, dans l'anonymat, mais exécuté avec passion. Comme Ferdinand Cheval et ses galets. Comme les bénévoles du village qui ont restauré le deuxième étage du Château, pour offrir de belles salles à l'expo "ELEVATIONS". Comme Bruno Decharme et Antoine de Galbert, qui rendent hommage au Facteur Cheval en mettant à disposition leurs collections. Tous méritent d'être salués.

« L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom : ce qu’il aime c’est l’incognito. Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s’appelle. » Jean Dubuffet. 1960
Exposition "ELEVATIONS" jusqu'au 30 août, Château d'Hauterives, Drôme.

Article publié dans le JTT.

jeudi 6 août 2015

Vacanze romane

Le bon plan pour profiter de Rome, en cet été caniculaire : louer un appartement à quelques kilomètres, près de la mer. Nous avons ainsi alterné la visite classique des grandioses monuments de la ville éternelle, agglutinés à une foule de touristes en majorité asiatiques, entre vitrines élégantes et pétarades de piaggio, avec les séances de plage, déambulations odorantes au marché, et consommation immodérée de gelati. La dolce vita italienne, c'est à Ostia, le port de Rome, qu'on en profite vraiment.

Entre les deux, le métro. Parfois climatisé, parfois bondé, parfois à l’heure. Emblématique des difficultés de gestion de l’agglomération romaine. Les poubelles débordent, des herbes folles envahissent les trottoirs dégradés. On s’habitue, il faut cultiver l’indulgence, rien n’est parfait, pourtant tout advient.
L’agrément inattendu, c’est le sourire, la courtoisie, la volonté de communiquer, omniprésents. Les Italiens aiment la France, ils prennent volontiers le temps de bavarder, de partager un espresso avec vous. Bienfaisante cure de convivialité au soleil, loin de la morosité et de la grisaille.

Même sans rejouer la scène mythique de la Fontaine de Trevi, inaccessible pour cause de travaux, on peut se rafraîchir et s’abreuver partout dans les rues, où les deux mille fontaines de Rome, modestes ou somptueuses, mais toujours esthétiques, constituent un trésor architectural d’une grande diversité. Ce formidable héritage des bâtisseurs de l’Antiquité et de la Renaissance poursuit de nos jours sa vocation originelle de source et ressource de vie. Tout le monde en profite : les Romains, les touristes, et les Pakistanais qui survivent grâce au commerce d'eau fraîche ...