vendredi 24 juillet 2015

Descendre le Rhin en se laissant flotter


C’est en pleine ville de Bâle que ça se passe ! En été, la métropole suisse, historique et universitaire, financière et industrielle, se transforme en station balnéaire. Étrange cohabitation des employés en costume strict se pressant vers la City, avec des baigneurs déambulant en simple maillot de bain. Ceux-ci viennent de traverser la ville en flottant sur le Rhin, appuyés sur un gros sac étanche contenant leurs affaires, et s’apprêtent à recommencer. Malgré la canicule, fraîcheur garantie : l’eau est à 23°.

La ville de Bâle, s’est réapproprié son fleuve. Promenades piétonnes et cyclistes sont aménagées le long des rives du Rhin. En les parcourant, on redécouvre les bains publics, pilotis construits sur le fleuve, pour assurer des baignades encadrées, ou siroter un café au bord de l’eau. Plages sauvages, jardins fleuris, cabanes de pêche au carrelet avec leurs filets suspendus, et surtout une eau saine, le Rhin s’affiche clairement en zone de loisir pour ses habitants, malgré les obligations portuaires. Avec les terrasses, glaciers, musiciens, dans les rues piétonnes adjacentes, on se croirait au bord de la mer.


Les Bâlois, accrochés à leurs sacs étanches, entrent dans le Rhin vers le pont Tinguely, et se laissent emporter par son courant rapide sur environ deux kilomètres. Une baignade relax, puisqu’on flotte, mais pas sans danger : il faut rester rive droite, pour ne pas gêner la navigation des péniches, bateaux de croisières, et autres taxi-boats. Eviter aussi les piles des vénérables ponts de la ville, et les traversées régulières des bacs treuillés. Le courant est vif, il faut lutter contre lui pour regagner la rive, donc s’y préparer d’avance. Mais les citoyens helvétiques sont disciplinés et la police fluviale veille.

Le soir, l’affluence sur les quais et dans le Rhin augmente encore, après une journée de travail, on y vient en famille, entre copains ou collègues. Les musiciens de la grande parade du Tattoo accompagnent alors de leurs notes martiales les centaines de baigneurs en goguette. Flotter en musique sur ce fleuve mythique, une expérience extraordinaire !

Article publié dans le JTT.

lundi 20 juillet 2015

Dégustation vins et macarons

La Maison des Vins de Tain l'Hermitage, vaste bâtiment de verre, bois et métal, ouverte au public depuis l'été 2013, a pour objectif de promouvoir les vins des producteurs de la Vallée du Rhône. Dans cet espace dédié à l'oenotourisme, on trouve toutes les informations sur les vignes et vignerons locaux, un rayon bibliothèque avec bornes interactives, cartes et photos des vignobles. L'accueil et l'animation sont assurés en lien avec l'Office de tourisme. Ainsi, chaque premier mardi du mois, des dégustations à thème sont proposées dans un rutilant laboratoire ... climatisé.

Le thème de juillet était le mariage gourmand entre Côtes du Rhône et macarons. Partant de cinq vins emblématiques, Marie-Josée Faure, œnologue à Tournon, a choisi d'associer cinq macarons, salés ou sucrés, piochés dans l'abondante production de Mademoiselle Macaron d'Ardoix. Les participants à l'atelier ont découvert des mariages classiques ou surprenants, mais toujours savoureux. Saint-Péray accompagné de macaron tomate-basilic, Condrieu associé à macaron truffe-fois gras, puis Cornas servi avec macaron chorizo, ont ravi les amateurs de salé. Les palais sucrés ont apprécié le mariage subtil de Saint Joseph blanc et macaron au chocolat bahibé, suivi d'une alliance plus corsée entre Crozes-Hermitage rouge et macaron cassis-violette. Un régal des sens, orchestré par Marie-Josée, qui exhortait à une dégustation lente et concentrée, afin d'analyser couleurs, odeurs, saveurs et textures, pour apprécier pleinement la finesse des accords.

Les mardis de la dégustation, c'est entre mars et octobre, à la Maison des Vins de Tain l'Hermitage, avenue des Lots. Renseignements au 04 75 07 88 81.


Article publié dans le JTT.

jeudi 16 juillet 2015

Vochora enchante l'église d'Erôme

Le 18e Festival Vochora donne la part belle aux villages cette année. Erôme, Larnage, Chanos-Curson (26) ont ainsi eu le privilège d'accueillir les premiers concerts, avec une libre participation financière du public. Et ces villages ont répondu chaleureusement aux organisateurs, tant au point de vue logistique qu'en proposant des vins d'honneur conviviaux pour clôturer les soirées musicales.
C'est ainsi que l'ensemble vocal féminin Appoggiature a enchanté l'église d'Erôme. Cet ensemble de 16 choristes, fondé en 2004 sous la direction charismatique de Eliette Roche, met en relief des ponts entre musique polyphonique d'hier et d'aujourd'hui. Le concert, consacré à un florilège de compositeurs anglo-saxons, a permis d'apprécier la maîtrise vocale des chanteuses, aussi performantes en groupe au choeur, qu'en quatuors dispersés dans la nef. Du Moyen-âge au XXIe siècle, de la Renaissance à Benjamin Britten, les pièces brillantes ont permis à un public ravi de découvrir anciennes et nouvelles sonorités du chant choral.

Après ce Prélude de début juillet, le Festival Vochora éclate dans un Allegro vivace jusqu'au 10, avant de s'envoler en Fugue du 27 au 31 juillet. Venez à Tournon (07) et aux alentours partager l'art vocal avec ses passionnés !

Article publié dans le JTT du jeudi 16 juillet 2015.

dimanche 12 juillet 2015

Lettres sur Cour, à Vienne

En marge du festival Jazz à Vienne (38), et depuis plus de vingt ans, une manifestation littéraire s'est imposée par sa qualité : "Lettres sur cour" . Elle permet aux amateurs de littérature de (re)découvrir des auteurs, dans des lieux tranquilles du centre historique. Cours d'école ou de couvent, jardin ou musée, vestiges romains ou librairie... s'animent alors de lectures conviviales suivies par un large public.

Cette année, la littérature suisse contemporaine était l'invitée d'honneur. Et dimanche, dans la lumineuse Verrière des Cordeliers ouverte sur le fleuve, le Rhône a servi de fil conducteur à une "lecture fluviale". Le Rhône mythique, né dans les glaciers suisses, qui abreuve les abricotiers du Valais avant de nourrir ceux de la Vallée. Les textes poétiques ou lyriques de Chappaz, Ramuz, Tardieu, et Guex-Rolle* ont été merveilleusement servis par la compagnie Tallaron.
La Suisse est un petit pays, mais sa littérature présente une grande diversité, qu'elle s'exprime en français, allemand, italien ou romanche. Les extraits de Cingria ou Bouvier, Walser ou Jaccottet, Revaz ou Steiner, accompagnés par le saxo complice de Eduardo Kohan, et suivis d'un échange amical autour d'un rafraîchissement, ont enchanté le public.

*"De la pierre de lune du glacier au saphir de la mer, du chocard au flamant rose, du chardon bleu à la soldanelle, du village primitif à la ville éclatante, le fleuve court, oublieux de son passé, ivre de sa jeunesse toujours neuve."

Article publié dans le JTT.

jeudi 9 juillet 2015

Tain, Terre & Culture

La dernière réunion du Conseil d'Administration de la jeune association tainoise (déclarée en avril) a été l'occasion de réaffirmer sa vocation : la valorisation du patrimoine naturel, culturel et des savoir-faire locaux. L'occasion aussi de faire le bilan de la toute première action réalisée, le nettoyage des berges du Rhône. Opération modeste mais emblématique, puisqu'elle redonne aux rives du fleuve son attrait esthétique, apprécié autant des visiteurs que des riverains.

Sollicité par l'association, le conteur Christophe Mercier proposera aux enfants de parcourir ces berges lors de balades contées, à la découverte de la faune et de la flore du Rhône, en compagnie de sa mascotte l'écureuil Ernest, les dimanches 19 et 26 juillet, 2 et 9 août, à 16h. Un goûter terminera l'après-midi dans les jardins de la mairie. Inscription à l'office de tourisme.
Tain, Terre & Culture participera au défilé de la Fête des Vendanges le 20 septembre, la belle maquette de la Chapelle de l'Hermitage trônera sur son char. Vignerons d'un jour, vignerons de toujours, rejoignez-le ! Une autre grande manifestation sera la conférence sur l'histoire et le développement de la Teppe, entreprise à laquelle de nombreux Tainois ont contribué. En présence du Dr Favel et de E. Noguier, le 20 novembre à 20h à l'Espace Trenet. D'autres projets sont en cours de finalisation pour l'année 2016 : exposition de tableaux représentant les Châteaux du Rhône, conférence sur les digues et travaux du Rhône, balades-lectures dans les vignes, visites de sites, conférence sur Charles V...

Tain, Terre & Culture espère rassembler tous les amoureux du patrimoine tainois. Si vous voulez rejoindre l'équipe de l'association, ou participer aux différentes actions, rien de plus simple : le siège social est à la mairie de Tain. Vos idées, vos projets sont les bienvenus.

Article publié dans le JTT.

dimanche 5 juillet 2015

Grignan : les 20 ans du Festival de la Correspondance

Le rendez-vous estival des amoureux de l'écriture et de la lecture a pris au fil des ans une ampleur considérable, mais il reste toujours fidèle à son exigence culturelle. Pendant une semaine, auteurs, comédiens, musiciens , conférenciers se succèdent sur les petites scènes et dans les jardins du village, pour la plus grande joie des visiteurs. Cette année, le thème : "Avoir vingt ans, jeunesse et correspondance" était placé sous le signe de Rimbaud, dont l'effigie signalait la présence de chambres d'écriture.

Car les festivaliers ne restent pas passifs ! Le Festival met à leur disposition papier, enveloppe, plume et encre, dans les fameuses chambres d'écriture, et se charge d'acheminer leur courrier à travers toute la planète. C'est moins rapide que les mails, mais le contenu y gagne en profondeur. Les habitants et commerçants de Grignan ouvrent ainsi au public terrasses, cours, caves, multipliant les lieux d'écriture insolites. Une trentaine de "chambres" accueillantes sont à découvrir, éparpillées jusque chez les producteurs des hameaux voisins.

Nouveauté de l'année : L'atelier d'écriture de Lydia Flem. Cette romancière et psychanalyste, après une conférence sur Freud, et la lecture de ses "Lettres d'amour en héritage" a rendu hommage à la célèbre Marquise de Sévigné en proposant une exploration de l'intime, à la façon de Georges Perec. Une introspection au calme et à l'ombre, qui emportait loin de la foule, des stridulations des cigales et de la canicule.

Article publié dans le JTT.

mercredi 1 juillet 2015

Chronique littéraire : La clandestine du voyage de Bougainville, de Michèle Kahn

Quelle aventure singulière que celle de cette femme audacieuse et amoureuse, passagère clandestine embarquée sur le navire de Bougainville ! Jeanne Barret fut la première fille à faire le tour du monde, déguisée en garçon, car les femmes à l’époque étaient interdites à bord des navires…

Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811) est un scientifique français, officier de marine et explorateur. Il a effectué le premier voyage autour du monde, pour le compte de Louis XV, en 1766-1769. Passionné de botanique, il embarqua avec lui le grand naturaliste de l’époque, Philibert Commerson (1727-1773), qui collecta tout au long des escales des milliers d’espèces de plantes, insectes, oiseaux, et poissons, les étudia, les catalogua. Déclarée officiellement comme valet de Commerson, son amant et maître, Jeanne Barret réussit à garder son secret pendant l’expédition, grâce à une volonté sans faille.
Née dans une famille misérable du Morvan en 1740, elle connaissait  bien les plantes, et son savoir de guérisseuse fut très utile pendant les longs mois de traversée, lorsque la faim, le scorbut, les refroidissements, les attaques de sauvages, décimaient l’équipage. Elle accompagna Commerson dans toutes ses cueillettes, du Brésil tropical à la Patagonie glaciale, aussi experte pour sécher, conserver les plantes, que pour classer  herbiers et collections. Impossible de se passer d’elle !

Michèle Kahn, née en 1940, écrivain, journaliste, a écrit de nombreux romans historiques très documentés, qui entraînent ses lecteurs dans l'aventure aux quatre coins du monde. A la suite de sa dévouée et rusée exploratrice , larguez les amarres !
La clandestine de voyage de Bougainville est disponible en poche chez Points.

Chronique publiée dans le JTT.