vendredi 29 mai 2015

Balade littéraire à Grandvillars

En avant première, un clin d’œil :

"Janvier ton sort
Février tes chaussures
Mars moi pas sur les pieds
Avril toi sous mon parapluie
Mai ta main dans la mienne
Juin la force au courage
Juillet dit comme ça
Août toi de là que j'm'y mette
Septembre dans la verdure
Octobre... ioche est bonne
Novembre pas la peau de l'ours avant de...
Décembre à louer..."

Alexandre Voisard

dimanche 24 mai 2015

Le FIMU, de choeurs à coeurs

Comme chaque année à la Pentecôte, Belfort célèbre la musique. Le FIMU ( festival international de musique universitaire) anime la ville. Des orchestres venus du monde entier rendent honneur au thème de l’année, la Voix. 
En trois jours, 250 concerts de tous genres de musique, classique, jazz, monde, actuelles, nouvelles, se déroulent sur 15 scènes, intérieures ou extérieures.

Sous un soleil printanier, le public, venu en foule, environ 80 000 spectateurs, se partage entre mélomanes qui programment d’avance leurs spectacles, et font patiemment la queue, et dilettantes qui picorent quelques notes de ci de là, au fil d’une déambulation dans les rues. Quelques-uns participent à des flashmobs, d'autres animent des ateliers. Entre terrasses et balade, spectacles et attente, on retrouve des connaissances, la convivialité est générale.

Les 33 nations invitées dévoilent en musique leurs particularités, dans une ambiance détendue, managés efficacement par responsables et bénévoles. Et quand ils ne jouent pas, les musiciens s'éparpillent dans le public. Tunisiens et Israéliens, Tchèques et Hongrois, Mexicains et Colombiens, Suisses et Portugais, Canadiens et Français, réunis par la musique, et dispersés parmi les spectateurs, offrent un charme cosmopolite à ce festival d'excellence.

jeudi 21 mai 2015

7'ELLES: une animation pluri'elle

Elles sont sept femmes, unies par l’amitié et la même passion pour l’art. Gisèle, Yamina, Line, Cathy, Bernadette, Louisa, Astrid ont concocté une semaine festive à Hérimoncourt (25)
Peintures, photographies, bijoux, céramiques, ont envahi les cimaises de l’espace Gianni Toti, du 16 au 25 mai.

Mais pas question d’une exposition banale. Il y a aussi de l’action : Littérature, poésie, théâtre et chansons sont au programme. Après l’atelier d’écriture sur le thème des femmes, et le déjeuner-lecture de textes illustrant les diverses facettes de la vie des femmes, il vous reste encore à déguster une soirée cabaret sur le thème : les femmes vues par les hommes. Et un récital de jazz par un chœur féminin.

Bravo aux dames de cœur ! 

lundi 18 mai 2015

La bénédiction des animaux à Bonfol (JU)

Le vendredi suivant l’Ascension, une tradition originale anime le village suisse de Bonfol : c’est la Saint Fromond, fête du protecteur des animaux.
 La légende raconte que ce vénérable religieux est arrivé en Ajoie au VIIe siècle, en compagnie de Saint Ursanne et Saint Imier. Il a décidé d’implanter son ermitage sous les chênes, près d’une source, où par la suite le village de Bonfol s’est développé. Tout en poursuivant son activité religieuse, il a défriché les terres alentour. Bienveillant, généreux, il était apprécié pour ses talents de guérisseur, et la population voisine prit l’habitude de l’implorer aussi en cas d’intempéries ou de maladies du bétail.

La fête patronale à Bonfol commence donc par la messe du vendredi matin, suivie de la procession, à laquelle sont conviés … tous les animaux du village. Direction la fontaine ornée de la statue du saint, puis la chapelle édifiée dans la forêt à la place de son ermitage. L’occasion d’une bénédiction générale par les prêtres : l’eau, les animaux, et les humains présents en profitent.

De l’eau il n’en manquait pas ce vendredi 15 mai ! La pluie continue a empêché les troupeaux de vaches et moutons de se réunir sur le parvis de l’église, mais les chevaux, chiens, chèvres présents représentaient dignement le monde animal. La fanfare stoïque sous la pluie a entraîné derrière elle le chœur de chant, les officiants et la municipalité, suivis d’un public mixte d’humains frileusement serrés sous les parapluies, et d’animaux placides.

Récompense au bout du chemin : un abri forestier tout en bois, confortable, avec Fendant et viennoiseries. Verdure à volonté pour les ruminants... 

jeudi 14 mai 2015

Naissance du livre

L'histoire du livre se confond avec celle de l'écriture. Et c'est l'écriture qui fait entrer l'humanité dans l'Histoire. Georges Fréchet, dans une conférence organisée par les Amis du Musée et du Patrimoine de Tournon, le 6 mai, a partagé en toute simplicité son érudition avec un public motivé.

Tout commence donc aux environs de 3300 avant Jésus-Christ. A Sumer, on inscrit ses possessions par des symboles sur des tablettes d'argile. L'écriture est née. Cunéiforme en Mésopotamie, hiéroglyphique en Egypte, les signes se multiplient, se diversifient, permettant ensuite d'échanger des courriers, de transmettre l'histoire, rédiger les légendes.
Un pas déterminant est franchi lorsque les Phéniciens inventent, vers 1200 avant J-C, le premier alphabet de 22 signes, chacun symbolisant un son. Toutes les langues peuvent ainsi être transcrites. Cet alphabet phénicien copié par les Grecs, puis les Romains, est à l'origine du nôtre. Surprenant : il est aussi à l'origine des écritures en araméen, en hébreu et en arabe. Le sens de lecture change, les lettres aussi, mais la base reste la même.
Les supports de l'écrit sont extrêmement variables selon les civilisations et les techniques. Pierre, cuir, bois, métal, soie, écorce, feuille... Les papyrus égyptiens, fabriqués à partir de roseaux, étaient couramment utilisés dans l'Antiquité. Assemblés en rouleaux (volumen = livre roulé), on les déroulait et enroulait au fur et à mesure de la lecture. La célèbre Bibliothèque d'Alexandrie en comptait près de 500 000, répertoriant toutes les oeuvres écrites connues. A PERgame, l'invention du PARchemin, fine épaisseur de peau dont la solidité permettait une reliure, on a pu élaborer les premiers livres COusus, appelés COdex.

Alors que l'écriture était dans les temps anciens réservée aux savants et aux prêtres, les Grecs comme Platon, Socrate, la méprisaient, lui préférant la parole : des esclaves étaient chargés de relater leurs discours. Rome, au contraire, s'enorgueillissait de 28 bibliothèques. Virgile, Horace... ont ainsi diffusé leurs oeuvres grâce aux nombreux copistes payés par des mécènes éclairés.
Après l'effondrement de l'empire romain et les invasions barbares, c'est dans les monastères qu'a été préservé l'héritage manuscrit. Compilations gréco-romaines et textes des Pères de l’Église furent recopiés inlassablement par les moines. Charlemagne, en fondant l'école Palatine, a redonné son lustre à la littérature latine. Les manuscrits étaient alors enrichis d'enluminures, reliés de bois ou de cuir incrusté de pierres précieuses. Partout en Europe, de l'Irlande à l'Espagne, des artistes rivalisaient de créativité. Les plus beaux exemplaires conservés en France sont la Bible enluminée de Charles le Chauve, plus de 1 m de hauteur, et les Très Riches Heures du duc de Berry, décorées de miniatures splendides.

Au XIIIe siècle sont créées les universités, et avec elles se développe un réseau de "libraires" indépendants. Au XIVe siècle le papier fait son apparition en Italie. Bientôt sonnera l'heure de Gutenberg et de l'imprimerie, mais c'est l'objet de la prochaine conférence...

Article publié dans le JTT du jeudi 21 mai 2015.

lundi 11 mai 2015

Chronique littéraire : Faillir être flingué, de Céline Minard

Amateurs de westerns, voici la quintessence du genre. Une œuvre originale qui déroule toutes les scènes d’anthologie : convois de chariots dans la prairie, cow-boys et chevaux sauvages, cérémonies indiennes, attaque de la diligence, saloon et filles de joie, sheriff et voleurs…
C’est la construction du roman qui joue l’originalité : Les chapitres déroutent au premier abord, en présentant une succession de protagonistes. A peine est-on familiarisé avec l’un, qu’un autre arrive, avec son passé trouble. Faillir être flingué, c’est leur lot quotidien, ils tentent tous de survivre dans des conditions hostiles.

Puis les morceaux du puzzle s’assemblent, les rapports se tissent. Sans se concerter, les personnages convergent tous vers un même lieu. Apprennent à cohabiter. Et grâce à la conjonction de leurs talents et à l’émergence d’une solidarité, on assiste à la naissance d’une véritable ville de l’Ouest. Genèse métaphorique de la société civilisée.
Il n’y a pas que les garçons qui aiment les westerns. Par sa galerie de portraits, où les femmes fortes ne sont pas exclues, Céline Minard réinvente le genre, avec une construction maîtrisée, une plume puissante, tantôt ironique tantôt lyrique. Un grand vent qui décoiffe. Attention à vos scalps !

Née à Rouen en 1969, Céline Minard a écrit plusieurs ouvrages  de fiction. Faillir être flingué a obtenu le Prix du livre Inter en 2014. Il est maintenant disponible en poche chez Rivages.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 21 mai 2015.

lundi 4 mai 2015

Le Musée international de la Chaussure à Romans

Why shoes ? C'est ainsi que le plasticien Xavier G-Solis interpelle le public lors d'une rétrospective de son oeuvre, présentée du 11 avril au 25 octobre 2015 à Romans. L'affiche, sobre et belle, est une invitation au rêve. Pourtant la démarche de l'artiste, si l'on peut dire, est de déconstruire l'image de la chaussure. Elle n'est plus un objet chaussant, mais un résidu de la société, abandonné, dépareillé, usé, ouvert à une autre vie : la récupération artistique. L'installation sur divers supports visuels, vidéo, peintures, sculptures, illustre la réflexion contemporaine du plasticien sur le rapport entre la chaussure et le monde.

Why shoes ? La déambulation dans les diverses salles du Musée est l'occasion pour le visiteur de redécouvrir la fabuleuse collection permanente de chaussures. Cette fois, il est question de la chaussure sachant chausser ! Des tressages végétaux des premiers humains aux cuirs vernis des créateurs de luxe, des satins brodés de la Cour aux mocassins de peau de la Grande Prairie, toute l'histoire et la géographie de l'humanité défilent sous les yeux. Mais pas de savantes leçons :  l'étonnement et l'admiration devant la variété et la qualité des modèles suffisent à apprécier l'évolution des techniques, l'inspiration artistique, l'accord parfait entre le beau et l'utile.

Le Couvent des Visitandines, vaste et serein, offre un écrin idéal à cette promenade à travers le temps : dans chaque cellule, les vitrines présentent des merveilles de raffinement. Les salles communes sont réservées aux techniques de travail du cuir, aux grands noms de la chaussure romanaise, ainsi qu'aux réalisations extraordinaires de créativité et de savoir-faire des élèves du Lycée des métiers du cuir. La chaussure a de l'avenir à Romans ! 

Why shoes ? Because shoes must go on ...

Article publié dans le JTT du jeudi 7 mai 2015.